Article écrit en 2011 : l'évolution actuelle rapide du terrain haute-montagne peut avoir modifié certains passages, en particulier à proximité des glaciers.
La traversée du Pelvoux dans le massif des Ecrins est une ascension classique, longue, variée, incontournable. Le Pelvoux est l'un des grands sommets centraux du massif. A une montée déjà longue, à majorité neigeuse si les conditions le permettent, succède une magnifique traversée glaciaire, puis une descente très soutenue pour les jambes, avec de nombreuses manipulations de corde.
Malgré une difficulté technique raisonnable, il faut une bonne expérience pour que cette traversée ne se transforme pas en bérésina. Un gros physique, le sens de l'itinéraire, et le choix d'un matériel approprié et léger aideront à négocier la descente de plus de 2400 m dans les meilleures conditions, à une heure pas trop tardive.
Difficulté : III maxi, pentes de neige jusqu'à 45°, recherche du bon itinéraire et rapidité dans les manips de corde.
Matériel : Le choix d'un "vrai" rappel de 2*50 m permettra un relatif confort. Mais ne prendre qu'un brin de 50 ou mieux 60 m sera suffisant si on est habile en désescalade. Plusieurs rappels sont évitables en désescaladant (niveau 3 max). Quelques sangles, coinceurs peu utiles. Beaucoup de passages se font anneaux à la main dans une difficulté raisonnable si on passe au bon endroit.
Le casque est bien utile, le rocher est typé "Oisans sauvage", il y a parfois un peu du monde.
Description de l'itinéraire :
Départ du refuge du Pelvoux (2700 m) - bosse de Sialouze (3229m): Un premier mur raide où il faut être bien réveillé (pas dur mais rocher moutonné) conduit rapidement au dos de la moraine, rive gauche du torrent du Clot de l'Homme (sentier). On traverse à gauche vers 2900 m en direction de la bosse de Sialouze. Terrain déjà assez raide, avec parfois une mauvaise moraine creusée par le torrent à franchir (parfois glacé le matin), et des névés déjà raides, souvent bien durs le matin. A la fin de la traversée (fin ascendante), et après un névé encore raide (chutes de pierres s'il y a du monde devant), on se trouve au pied d'une zone rocheuse toujours raide en rocher moutonné, qu'on franchit plutôt de droite à gauche (difficile de se protéger).
Le terrain devient moins raide, avec des sentes plus ou moins marquées (plutôt côté gauche) et des névés, on débouche plus facilement à droite de la bosse de Sialouze (3229 m). On aperçoit alors le couloir Coolidge.
Couloir Coolidge - pointe Puiseux (3943 m): les pentes d'abord peu raides se redressent progressivement et se transforment en couloir plus étroit. Glace possible en haut, quelques rochers rive droite, maxi 40/45°. Lorsque les conditions sont trop sèches, on peut emprunter l'itinéraire des Rochers Rouges, rive gauche du couloir (départ dès la Bosse de Sialouze en traversant à droite.
On atteint les pentes sommitales moins raides, un dernier petit mur de neige conduit facilement au sommet (Pointe Puiseux, 3943 m).
Glacier du Pelvoux,descente du glacier des Violettes jusqu'aux rochers: les pentes du glacier du Pelvoux sont rapides à descendre par bonnes conditions. On rejoint le glacier des Violettes, beaucoup plus crevassé. Passage plutôt rive droite vers le Petit Pelvoux, puis un mur plus raide et une traversée à gauche pour rejoindre la base de l'arête des Violettes au sommet d'un éperon bien visible quoique assez peu marqué. Ces pentes réchauffent vite, chutes de pierre et de séracs possibles. Avant de rejoindre l'éperon (rocheux), une importante rimaye peut nécessiter un petit rappel (piquet parfois en place par les guides locaux).
Désescalade et rappels de l'éperon: Cet éperon rive gauche permet d'éviter la zone très chaotique du glacier des Violettes entre 3400 et 3200 m environ. La descente du premier ressaut de l'éperon est assez simple, désescalade facile à droite (rocher pourri, un rappel de 25 m en bas) ou rappel plus long à quelques mètres côté gauche. L'arête devient presque horizontale (rochers et neige mêlés) puis de nouveau rocheuse. On vient buter sur une zone plus effilée (désescalade sur le fil et côté gauche), et enfin sur une brèche.
De cette brèche, un profond couloir à droite vers le sud, donne accès au glacier des Violettes (en dessous de la zone de séracs infranchissables). Descente du couloir en 2 rappels en place: un de 45m, puis un de 25 m. Le premier est évitable en désescaladant.
Glacier des Violettes (partie basse) - névé Pellissier (2500 m environ): On retraverse le glacier des Violettes vers le sud-est en direction d'une arête horizontale descendant des 3 Dents du Pelvoux. Légère descente puis à plat, crevasses et traces de chutes de séracs venant de droite. Pour rejoindre l'arête rocheuse horizontale, une escalade de 20 m est nécessaire à cause du retrait glaciaire. Le départ est rude (vertical sur 3-4 m avec de bonnes prises), puis plus facile en rocher pourri. Une corde fixe est parfois en place, mais pas forcément là où c'est le plus facile.
Au sommet de cette arête (confortable), il reste encore 2 importants ressauts à franchir avant de rejoindre le névé Pellissier. Désescalade au départ, puis petit rappel de 25 m possible pour le premier ressaut, névés (raide) et éboulis (traces de sentiers). On rejoint (sud-est toujours) le haut d'un ressaut imposant. 2 lignes de rappels permettent de le franchir. Celle de gauche en un grand de 50 m (fractionnable) en très mauvais rocher puis désescalade jusqu'à la neige. Une autre 80 m plus à droite au sommet d'un éperon plus lisse, probablement moins dangereuse mais nécessitant peut-être un long rappel.
Névé Pellissier - Ailefroide: Si le névé Pellissier est bien enneigé, la descente est agréable jusqu'à la cote 2400 m, en se méfiant de crevasses à droite. On quitte enfin les difficultés de haute-montagne, un sentier assez marqué mais très raide et usant pour les jambes, propose une descente physique jusqu'à rejoindre les vires d'Ailefroide (bifurcation à droite vers 2150). Ces vires demandent une grande prudence pour les personnes fatiguées, la chute n'est pas envisageable! Passages de désescalade sur du rocher parfois très glissant.
On rejoint enfin Ailefroide, après plus de 2400 m de descente.