L'aiguille du Moine se découpe bien au dessus de la Mer de Glace et présente l'un des plus beaux panoramas du massif du Mont-Blanc, du bassin de Talèfre jusqu'aux aiguilles de Chamonix en passant par la vallée Blanche et les hauts sommets du massif. Esthétique mais sans difficultés majeures d'ascension, cette aiguille est étonnamment relativement peu fréquentée si l'on considère que le refuge de départ est l'un des mieux placés du massif, que la course est assez courte (voie normale) et quasiment sans approche, que les dangers objectifs sont faibles (quelques chutes de pierres toujours possibles).
J'ai choisi de parler de l'arête sud "classique", dont les descriptions sont souvent trop précises et finalement difficiles à suivre sur le terrain. De plus le névé d'attaque a reculé, ce qui change quelque peu la physionomie du départ.
Les deux autres classiques sont la voie normale et l'arête sud intégrale. Si cette dernière présente une belle succession de passages, l'arête sud dite "classique", plus courte, offre un bon équilibre, qui garantit de ne pas rentrer trop tard, tout en ayant profité de passages intéressants d'escalade et de vues splendides sur les montagnes alentours.
Difficulté : La recherche du bon itinéraire est prépondérante pour rejoindre l'arête depuis la vire du dépôt de matériel, en principe III+ maxi.
Une fois sur l'arête, le dièdre de gauche (variante) est en IV+/V maxi (selon passage) assez soutenu en haut. Le passage classique sur l'arête proche du gendarme en T présente des passages en IV+ et V+ courts et physiques. Les 2 passages se rejoignent sur l'arête avant un dernier mur en V+ de 5m.
Matériel : corde de 50 mètres minimum (rappels de 25 m au plus court à la descente), 5 coinceurs (#0.4 à 3) et dégaines. Anneaux de sangle. Matériel de rappel.
Les chaussons d'escalade ne sont pas nécessaires si on a l'habitude de grimper en grosses, ils doivent même être peu confortables dans certains passages, à moins d'avoir choisi des chaussons très larges !
Description de l'itinéraire :
Départ : Un assez bon chemin (cairns) permet de rejoindre au dessus du refuge le petit glacier du Moine. On remonte le glacier jusqu'au point le plus haut (rimaye parfois délicate). De ce point, 2 fissures-cheminées peu marquées rejoignent une grande plate-forme caillouteuse 50 mètres au dessus (passages de II/III, 2 relais intermédiaires). Cette plate-forme est confortable pour y laisser des affaires. C'est aussi là que se séparent la voie normale et l'arête sud classique.
Cheminement : De la grande plate-forme, une vire légèrement ascendante à gauche permet de rejoindre 100 m plus à gauche un premier grand couloir-dépression. On peut rejoindre cette vire depuis la plate-forme en montant 15 m (assez facile), puis une courte descente (une sangle en place ou désescalade). En suivant la vire (facile mais exposée), on rejoint ce premier couloir, qu'on remonte jusqu'à repérer un passage à gauche (rive droite). Plusieurs passages sont possibles : escalade qui se protège bien, fissures en III/III+.
On rejoint alors une nouvelle zone facile (gradins), qui donne accès à un second profond couloir, que l'on peut remonter lorsqu'il est sec (II max.), ou bien sur sa rive gauche en partie. Celui-ci se redresse et s'incline à gauche pour donner accès à l'arête sud, à gauche du gendarme caractéristique en forme de T (passages de III, dernière longueur de 30 m à droite pour rejoindre l'arête, feuillets, III+).
On remonte facilement l'arête sur 20 m, puis une vire horizontale cairnée évidente à gauche (face sud-ouest) donne accès au bout au dièdre de 70 m qui permettra de rattraper l'arête entre le gendarme et le sommet. On peut aussi suivre le passage classique qui reste plus proche de l'arête, plus long et esthétique, bien décrit dans certains topos.
Concernant le dièdre : 20 m de fissures larges facilement protégeables, des courts passages en IV+. Puis vers la gauche (fissures larges au départ, IV+/V puis plus facile) jusqu'à une grosse vire, 20 m. De cette vire 25 m légèrement à droite en IV+ soutenu, un piton, fissures facilement protégeables. On débouche sur l'arête à une belle plate-forme, environ 20 m sous le petit mur en 5+. Ce petit mur aux fissures bouchées est court mais délicat au-dessus d'une vire, un vieux coinceur en place, possibilité d'en mettre (plutôt petit)
L'arête devient alors facile sur son faîte ou souvent versant Talèfre entre des gros blocs, passages de III/III+ max, un dernier passage sur le versant sud permet de rejoindre rapidement le sommet.
Descente : La sortie de la voie normale est raide, on peut tout désescalader en passant au bon endroit, plusieurs relais sur anneaux de corde permettent aussi de faire des rappels mais ça prend du temps. Le cheminement est ensuite bien indiqué par des cairns et des traces, d'abord tout droit dans la face sud, puis bien à gauche au dessus d'un gendarme évident. Plusieurs passages courts de désescalade en III/III+, à condition d'être au bon endroit ! Des relais sont visibles dans certaines zones.
La fin de la descente est plus raide : on suit un système de dièdres raides mais prisus, plusieurs relais sont équipés pour une descente des passages les plus raides en rappel (maxi 25 m), c'est peut-être le dernier mur au dessus de la vire initiale qui est le plus délicat à désescalader. On rejoint finalement la terrasse de départ.
De la terrasse de départ où en principe on a laissé crampons et piolets, 1 rappel de 50 ou 2 rappels de 25 m ramènent à la rimaye.