3 journées variées dans le Val d'Anniviers avec des échanges techniques


Les derniers beaux jours de ce mois de mars super ensoleillé ont été propices à arpenter ce secteur magnifique tout au fond du val d'Anniviers appelé joliment la Couronne Impériale, au départ de la cabane du Mountet.
J'avais eu cette demande d'un groupe de quatre lascars franco-suisses déjà bien expérimentés en ski de randonnée et relativement autonomes en montagne, qui voulaient allier une belle sortie avec un renforcement de leurs connaissances en matière de technique et sécurité.

Je dis souvent qu'il n'y a pas une mais plusieurs méthodes, il n'y a pas la bonne méthode et les mauvaises. On ne va pas mettre en cause les enseignements officiels d'il y a vingt ans qu'on a appliqués religieusement car des études récentes liées à des cas rarissimes d'accidents tendraient à modifier nos manières de faire.
A mon sens ce sont plutôt les évolutions du matériel qui doivent faire réfléchir au choix du matériel et aux manières de l'utiliser.

Et il me semble que la priorité doit être donnée, avant l'application de gestes techniques, à une bonne préparation préalable à la course, et une observation très attentive sur le terrain permettant surtout d'avoir la bonne décision. Par exemple : c'est bien de savoir bien s'encorder, mais c'est déjà bien de s'encorder !

Vous comprendrez que je ne suis pas un féru de la dernière théorie ou du noeud qu'il faut absolument savoir faire - alors même qu'il n'était pas inventé il y a peu ! -, mais plusieurs recyclages obligatoires dans notre profession, le dernier récemment, et le contact avec quelques jeunes fraichement sortis de l'école m'ont donné quelques billes et je l'avoue un certain intérêt pour quelques questions.
Et il est vrai que plus on en sait, plus facile il sera de se dépêtrer de certaines situations. L'idée pour moi étant de ne pas arriver à ces situations.
Et je perçois bien l'intérêt de débattre, avec nos clients, avec des guides ou amateurs bien renseignés pour changer parfois progressivement mais durablement nos habitudes souvent bien ancrées.

Pour ce groupe, le premier débat s'est fait avant même de partir, sur le choix des cordes. Certaines cordes modernes ultra-légères étant limitées dès lors qu'on doit franchir un passage d'alpinisme en particulier une arête rocheuse. Et comme nous avions justement prévu de travailler l'assurage en mouvement sur ce type de terrain, le choix s'est vite porté sur des cordes assez légères mais avec des normes suffisamment dynamiques, avec un encordement parfois à double sur le terrain vue la fragilité au frottement des cordes fines.
L'idée étant de ne pas céder tout à fait aux sirènes de la légèreté, parfois lourdement teintée de marketting !

Nous avons également travaillé l'encordement sur glaciers avec l'usage de ces fameux noeuds de freinage qui sont devenus communs depuis quelques années, technique que je n'appliquais pas dans mes premières années professionnelles.

Une sortie bien agréable avec un groupe attentif et rapide et des échanges positifs. Vues les ascensions projetées et le thème de la sortie, j'avais choisi d'avoir une cordée indépendante qui gérait elle-même sa progression ce qui fut assez simple vue l'implication de chacun et les conditions très agréables dans une ambiance désormais habituelle de poussières sahariennes.
Nous eûmes en prime ce superbe secteur du fond du val d'Anniviers, avec l'ascension du sommet assez peu fréquenté du Mont-Durand (3712 m), suivie le lendemain de la traversée du Blanc de Moming (3661 m) en conditions magnifiques. Les 2000 m de descente du glacier de Moming sur Zinal en neige plutôt bonne, comme la cerise sur ce beau gâteau !