Descente en poudreuse du glacier de MomingC'était probablement l'une des dernières sorties à skis de l'année, car l'hiver a été long depuis novembre ! Pendant 3 jours, chassés par le temps plus incertain du sud (car nous avions à l'origine prévu le tour de la Meije à skis), nous nous sommes retrouvés à la cabane Mountet au dessus de Zinal pour 3 belles journées de ski de randonnée.
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Benoît et Mathieu sont venus depuis le Nord profiter des bonnes conditions de neige de printemps de ce mois d'avril. Le "plan B", décidé au dernier moment en consultant les bulletins météo de l'Oisans, était de monter à la cabane Mountet (Zinal, Valais), pour réaliser l'ascension du Trifthorn, belle montagne élancée au cœur de la couronne impériale, puis après une 2ème nuit à la cabane, de traverser le Blanc de Moming pour la longue et fantastique descente du glacier de Moming vers Zinal.
Malgré des conditions excellentes, peu de monde s'étaient donnés rendez-vous au refuge, seulement 20 personnes. C'est peut-être les 1200 m de montée qui rebutent les randonneurs, en tout cas après 5 heures d'effort la récompense est à la hauteur : nous sommes au cœur d'un sanctuaire alpin, les glaciers et séracs sont étincelants, dominés par les seigneurs des lieux : le Zinalrothorn, l'Obergabelhorn, la Dent Blanche et le Grand Cornier. Montée marquée par la chaleur, le flux de sud est encore sensible, l'air est chaud et le vent est nul !
Le lendemain, un très bon regel et un temps limpide accompagnent les 900 mètres de montée au Trifthorn. Nous progressons d'abord sur un glacier assez crevassé mais en neige bien portante, puis nous buttons sur une rimaye et des pentes plus raides, qui défendent l'accès au sommet. Je choisi de passer à l'extrême droite, la pente est raide mais courte : une petite longueur de corde est nécessaire, et nous devons mettre les crampons car la neige fraîche assez épaisse cache une sous-couche très dure et glacée. En fait c'est un épisode de föehn quelques jours en arrière qui a déposé cette couche de neige légère près des crêtes en altitude. Pour Mathieu, c'est la première fois qu'il utilise les crampons, il tient tout de suite à baptiser son pantalon d'un bon coup de pointes avant, comme ça c'est fait : rien de tel que du matériel aux allures "vintage" pour poser un homme.
Nous suivons ensuite une esthétique arête, puis des pentes où une autre cordée, passée plus à gauche, a déjà marqué une trace profonde. Bientôt c'est le sommet, fantastique belvédère sur les 4000 environnants, ceux de Saas-Fee et Zermatt (le Dom de Mischabel, Täschhorn, Alphubel, Rimpfischhorn, Stralhorn et Mont-Rose), et la Wellenkuppe et l'Obergabelhorn tout proches ! Le sommet est désert, nous profitons d'une longue pause au soleil très doux de midi.
Nous avons monté les skis, car je pense que la descente ce jour est possible, et je sais Benoît et Mathieu très bons skieurs. Effectivement c'est une neige poudreuse fantastique qui nous conduit à nouveau au dessus des 20 mètres raides dominant la rimaye, que nous descendons prudemment en dérapage et encordés (le passage est exposé au dessus de raides pentes et de séracs).
Après de nouvelles belles courbes en poudreuse, nous retrouvons plus bas la neige de printemps, qui commence tout juste à transformer sous le soleil. Motivés par les conditions, nous décidons de remonter de 300 m en direction du Blanc de Moming, pour retrouver les très belles pentes qui dominent la cabane de Mountet, qui sont alors très bien dégelées vers 14 h. Il fait plus chaud et Benoît en profite pour se dévêtir et nous éblouir d'un pyjama gris très seyant (!!).
Après les röstis et la sieste, petits exercices de mouflage (sortie de crevasse) et d'assurage sur glacier, pour joindre l'utile à l'agréable.

 

Le lendemain, le temps est toujours beau mais déjà moins limpide. Le regel reste très honnête, et une montée rapide nous conduit au pied de l'arête du Blanc. Ce passage permet de traverser du glacier du Mountet au glacier de Moming, et nécessite crampons, piolet et encordement car l'arête est étroite et il faut gravir environ 50 mètres à 45° pour l'atteindre.

Aujourd'hui les conditions sont excellentes, une très bonne trace nous facilite la progression. Nous rechaussons les skis et effectuons rapidement les derniers 100 m, pour enfin rejoindre le sommet du Blanc de Moming. Pas besoin de décrire le panorama, il reste fantastique ! On aperçoit en plus le Cervin, à peine masqué par l'Obergabelhorn, et l'arête Nord menant au Zinalrothorn, toute proche, est impressionnante. Nous sommes seuls à partager cette vue unique.

Le début de la descente est en très bonne neige poudreuse, les virages s'enchaînent entre des petits séracs, en découvrant progressivement un univers très impressionnant : des grandes barres de séracs assez proches donnent une ambiance austère et très alpine.

La transition entre neige poudreuse et neige de printemps se fait sans aucun soucis, les conditions sont vraiment optimales. 2000 mètres de descente soutenue nous amènent plus bas à rejoindre l'itinéraire suivi la veille, où la neige devient un peu plus "collante". J'en profite pour sortir un tube de fart liquide, dont le système d'ouverture permet surtout d'inonder mon pantalon et mon sac, ce qui fait bien rire mes compagnons.

Pas de soucis pour rejoindre Zinal par un chemin tracé. Nous retrouvons la chaleur printanière et les terrasses de cafés, pour savourer une ultime bière avant le retour dans la vallée.

 

Sur l'arête sommitale du Trifthorn, avant la descente à skis

 

Montée à skis de randonnée au Blanc de Moming depuis la cabane Mountet

Ambiance décontractée sur l'arête du Blanc de Moming

Belle descente en neige poudreuse du glacier de Moming