L'aiguille du Moine se découpe bien au dessus de la Mer de Glace et présente l'un des plus beaux panoramas du massif du Mont-Blanc, du bassin de Talèfre jusqu'aux aiguilles de Chamonix en passant par la vallée Blanche et les hauts sommets du massif. Esthétique mais sans difficultés majeures d'ascension, cette aiguille est étonnamment relativement peu fréquentée si l'on considère que le refuge de départ est l'un des mieux placés du massif, que la course est assez courte (voie normale) et quasiment sans approche, que les dangers objectifs sont faibles (quelques chutes de pierres toujours possibles).

J'ai choisi de parler de l'arête sud "classique", dont les descriptions sont souvent trop précises et finalement difficiles à suivre sur le terrain. De plus le névé d'attaque a reculé, ce qui change quelque peu la physionomie du départ.
Les deux autres classiques sont la voie normale et l'arête sud intégrale. Si cette dernière présente une belle succession de passages, l'arête sud dite "classique", plus courte, offre un bon équilibre, qui garantit de ne pas rentrer trop tard, tout en ayant profité de passages intéressants d'escalade et de vues splendides sur les montagnes alentours.
Difficulté : IV+ maxi, la recherche du bon itinéraire est prépondérante.
Matériel : corde de 40 mètres minimum (rappels de 20 m au plus court à la descente), plusieurs coinceurs, sans négliger les gros. Anneaux de sangle.
Les chaussons d'escalade ne sont pas nécessaires si on a l'habitude de grimper en grosses, ils doivent même être peu confortables dans certains passages, à moins d'avoir choisi des chaussons très larges !
Description de l'itinéraire :
Départ : Un assez bon chemin (cairns) permet de rejoindre au dessus du refuge le petit glacier du Moine. On remonte le glacier jusqu'au point le plus haut (rimaye parfois délicate). De ce point, 2 fissures-cheminées peu marquées rejoignent une grande plate-forme caillouteuse 30 mètres au dessus (passages de II/III). Cette plate-forme est confortable pour y laisser des affaires. C'est aussi là que se séparent la voie normale et l'arête sud classique.
Cheminement : De la grande plate-forme, une vire légèrement ascendante à gauche permet de rejoindre 100 m plus à gauche un premier grand couloir-dépression. On peut rejoindre cette vire depuis la plate-forme en montant 15 m (assez facile), ou bien en traversant directement à gauche, puis longueur de 25 m (fissures, III/IV). En suivant la vire (facile mais exposée), on rejoint ce premier couloir, qu'on remonte jusqu'à repérer un passage à gauche (rive droite). Plusieurs passages sont possibles : escalade qui se protège bien, fissures en III/III+.
On rejoint alors une nouvelle zone facile (gradins), qui donne accès à un second profond couloir, que l'on peut remonter lorsqu'il est sec (II max.), ou bien sur sa rive gauche en partie. Celui-ci se redresse et s'incline à gauche pour donner accès à l'arête sud, à gauche du gendarme caractéristique en forme de T (passages de III, dernière longueur de 30 m à droite pour rejoindre l'arête, feuillets, III+).
On remonte facilement l'arête sur 20 m, puis une vire horizontale évidente à gauche (face sud-ouest) donne accès au dièdre de 60 m qui permettra de rattraper l'arête entre le gendarme et le sommet.
Ce dièdre présente d'abord une succession de passages assez soutenus en IV/IV+, fissures larges bien protégeables. A un relais sur une vire, il se transforme en jeu de fissures assez faciles si on suit le meilleur itinéraire (IV, d'abord à droite puis en ascendance à gauche). On débouche sur des vires 5 m sous l'arête, que l'on rejoint par un trou sous un gros bloc (III+).
L'arête devient alors assez facile sur son faîte ou parfois versant Talèfre, passages de III/III+ max, on voit rapidement le sommet tout proche, un dernier passage plus délicat sur le versant sud permet de le rejoindre.
Descente : Un rappel de 20 m permet d'éviter la sortie raide de la voie normale. Le cheminement est ensuite bien indiqué par des cairns et des traces, d'abord tout droit dans la face sud, puis bien à gauche au dessus d'un gendarme évident. Plusieurs passages courts de désescalade en III, à condition d'être au bon endroit !
La fin de la descente est plus raide : on suit un système de dièdres, plusieurs relais sont équipés pour une descente des passages les plus difficiles en rappel. On rejoint finalement la terrasse de départ.
